Billets qui ont 'Crise (La)' comme oeuvre.

Je ne suis pas de gauche

Cela ne s'est pas vu ici, mais le billet "ça se confirme, je suis de droite" a occasionné sur FB une longue dispute, conversation où le ton a monté à la faveur d'un malentendu. (Qu'il soit écrit ici que ce texte serait à l'origine de la propagande de la NRA).


Si je reprends le sujet aujourd'hui, c'est que Mélenchon a déclaré aujourd'hui, jour de grève des cheminots et de la fonction publique, qu'il détestait «ce statut d’autoentrepreneur : on gagnait 3000€, on avait des paies de crevards !»
Pour mémoire, 83% des Français gagnent moins de trois mille euros mensuels.


En 2008 à Yerres nous avons fait campagne pour le Modem aux municipales en soutenant le parti socialiste. Lors d'une réunion, les encartés socialistes ont reproché devant nous à Véronique Haché-Aguilar de s'être alliée avec la droite (les méchants de droite). Elle a répondu avec beaucoup d'embarras, comme si nous étions pestiférés, arguant de son père mineur et de sept frères et sœurs pour défendre la sincérité de son engagement à gauche.
Mais à la fin de la réunion, quand nous avons rangé chaises et tables, elle a refusé de prendre le balai : «je ne sais pas faire, je n'ai jamais balayé».
Ce soir-là, j'ai balayé la salle. Parce que moi, je sais balayer. J'ai balayé et je balaie encore, même si je n'ai pas sept frères et sœurs.


Avant cela il y avait eu ce billet de Slothorp (du 5 octobre 2006 mais qui me paraît raconter une anedote de 2002) qui m'avait tant fait penser à mon beau-frère, si fier d'être de gauche mais n'osant avouer à son père combien il avait payé son appart. J'extrais juste quelques phrases (en dénaturant le propos du billet puisque son sujet était plutôt de démonter les héros de papier) :
Il [Un ami] se disait de gauche, et je devais être à ses yeux une sorte d’anarchiste de droite qui flirtait paradoxalement avec le fascisme. […] Les journalistes parlaient alors d’une repolitisation de la jeunesse, montrant par là à quel point ils n’avaient rien compris, à quel point aussi la situation allait perdurer pour les cinq ans à venir [après mai 2002], à quel point enfin Le Pen n’était que le pendant bien pratique de tout ce système, l’épouvantail qu’on agitait pour faire peur aux enfants et les faire rentrer dans le rang. Bien sûr, après la première réunion de section du PS où il se rendit, il fit comme beaucoup de ces adhérents émotionnels : il n’y remit plus jamais les pieds. On voulait bien être de gauche, montrer sa carte pour le prouver, mais coller des affiches dans le froid, il n’en était pas question. […]
L’autre jour, nos amis communs qui continuent à le voir m’ont raconté l’anecdote suivante : à la naissance de son enfant, ce type, énarque installé, qui doit gagner trois à quatre fois le revenu moyen d’un Français, s’est débrouillé pour avoir une place en crèche publique, simplement en faisant jouer ses relations. Ce n’est pas grand chose, l’entorse n’est pas si grave. Mais c’était une épreuve, une tentation : utiliser ou non un passe-droit inique, injuste socialement et marqué du sceau du mépris de classe. Il a cédé sans une once de mauvaise conscience, tout en poursuivant ses discours de résistant.
Oh, ils ne sont pas mieux à droite. Mais au moins ils n'ont pas bonne conscience : ils n'ont pas de conscience du tout. Je trouve ça reposant (ou hilarant comme dans le cas de Fillon).
Ou pour le dire autrement, (re)voir La Crise.

La Crise

Il y a longtemps que je cherchais un film avec Vincent Lindon. Ça parlait de racisme, mais je ne me souvenais absolument pas du titre.

J'avais vu passer sur FB la célèbre scène avec Maria Pacôme, mais je n'avais pas fait le lien tant ce n'est pas cela qui m'avait marquée. Ce qui m'avait marquée, c'était les scènes douces-amères autour du "Rémi" (RMI), et je n'ai reconnu le film qu'en voyant dans un commentaire le passage sur le racisme.

Donc ce soir j'ai déclaré à O. que nous allions regarder La Crise. J'ai été effarée de constater à quel point il s'appliquait encore exactement à la situation actuelle, peut-être plus encore qu'en 1992 (le passage sur la malbouffe est sans doute plus un sujet de préoccupation aujourd'hui qu'à l'époque). Il ne manque que la tonalité terrorisme-djihad.

Quand ai-je vu ce film? Après 1999, puisque nous étions déjà dans la maison. Je me demande à quel point la grande tirade de Zabou m'a influencée (les enfants étaient petits et j'étais très fatiguée) dans ma décision de ne plus faire ce qui ne semblait compter pour personne: ne plus repasser les torchons, ne plus plier les slips, ne plus apparier les chaussettes, passer le balai de temps en temps, mais uniquement quand ça me chantait,… bref, une véritable grève qui d'ailleurs ne s'est pas beaucoup vu puisque tout le monde, il faut le dire, se fiche un peu d'une maison propre et rangée tant qu'il peut être tranquille dans son coin à poursuivre son activité préférée.
Et que celui qui ne s'en fiche pas vienne me voir, nous ferons les corvées ensemble. (Aujourd'hui, les choses ont changé, les enfants étant grands, nous pouvons faire le ménage en équipe. Mais je refuse d'avoir l'impression d'être la seule à être punie en passant tristement la serpilière le week-end).

Et pour sourire à la fin de cette tirade MLF, précisons que je l'ai regardé en repassant…
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